Paul Balenza : « A travers ma chanson Psaume 150, je voulais que Josky Kiambukuta qui respire aussi loue l’Eternel »

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Elu de la Funa député national en 2019 mais toujours accroché à son art, le musicien chrétien, l’honorable Paul Balenza s’explique sur les raisons qui l’ont poussées à associer son collègue de Bana Ok dans la réalisation de son album en 2001.

Paul Balenza : La chanson avait pour titre « Psaume 150 » qui dit « Que tout ce qui respire loue l’Eternel ». Et moi, sachant que Josky respirait et que les autres aussi respiraient, que l’on soit chantre de la musique chrétienne ou de la musique des variétés, je voulais qu’à travers ce chant que lui aussi loue l’Eternel.

MULTI MEDIA CONGO (Digitalcongo.net) : Kiambukuta Josky est  décédé. Vous avez réalisé un featuring avec lui. Comment avez-vous appris sa mort. Quelle est la personne qui vous a informé.

Paul Balenza  (PB): C’est vrai, en 2001, j’ai réalisé une chanson avec lui en dépit du fait que beaucoup de musiciens chrétiens avaient considéré cette œuvre comme profane, satanique. C’est par les réseaux sociaux que j’ai été informé de sa mort. Je l’ai rencontré pour la dernière fois, il y a de cela 3 mois, l’année passée sur l’avenue du Stade à Matonge où il avait élu domicile.

MMC : Et comment vous avez accueilli cette triste nouvelle ?

PB : En tout cas cela m’a beaucoup affecté. Cela m’a fait très mal. Parce que Josky était une personne que j’admirai. J’étais son fan depuis mon enfance. Il était un modèle pour moi.

MMC : Qu’est-ce que Josky représentait pour vous en plus du modèle, où est-ce que vous l’avez rencontré pour la première fois ?

PB : C’est un musicien qui est venu apporter un autre style dans la musique de Ok Jazz. Tu sais entre la musique de Franco et de Rochereau, moi j’appréciais celle de Franco. Josky a apporté un style saccadé, chaleureux dans OK Jazz. J’étais son fan depuis l’enfance. Quand il évoluait dans le groupe Continental. Moi j’habitais Yolo et j’étais « Ngembo » de ce groupe puisqu’ils tenaient leurs répétions chez Maître Toro aussi à Yolo. Non seulement cela. Une autre coïncidence, son oncle a épousé une de mes cousines qui habitait dans la commune de N’djili. Donc quelque part, on avait aussi des liens familiaux. Il représentait beaucoup pour moi.

MMC : Qu’est-ce qui avait motivé votre choix pour ce musicien pour sa participation dans votre album ?

PB : La chanson avait pour titre « Psaume 150 » qui dit « Que tout ce qui respire loue l’Eternel ». Et moi, sachant que Josky respirait et que les autres aussi respiraient, que l’on soit chantre de la musique chrétienne ou de la musique des variétés, je voulais qu’à travers ce chant que lui aussi loue l’Eternel.

Parce que les canards, les poules,  les poissions et même les arbres eux aussi ils respirent et louent l’Eternel. Mais pourquoi pas un être humain créée à l’image de Dieu ne puisse pas louer l‘Eternel. Ainsi je n’ai pas hésité à l’associer dans mon projet. C’était un frère pour moi. J’ai étudié avec son frère cadet Dikens  Dikalambuta à l’Université de Kinshasa.

Cela a renforcé nos amitiés. Il a non seulement chanté mais aussi il a arrangé quelques partitions de cette chanson. Mais je tiens à préciser que d’autres musiciens de la musique des variétés comme Déo Brondo (NDRL de Quartier Latin) et Florence Mabaya qui évoluait dans le Groupe Bozi Boziana. Déo est un catholique engagé, et frère d’un ami, l’Abbé Shimba. Il en est de même de Florence Mabaya qui était à l’époque légionnaire à la paroisse  Charles Lwanga.

Il y a aussi eu des pratiquants de la musique chrétienne comme Kool Matope, le pasteur Mushaba, Les Kunda Sisters qui ont participé à la réalisation de cette chanson.

MMC : D’aucuns, des « frères » et des « sœurs » parmi vos amis pratiquant la musique chrétienne ont crié au scandale.

PB : Quand vous apportez une innovation dans quelque chose, il faut toujours s’attendre à des critiques. Parce que les gens comprennent toujours en retard. Il y avait une certaine démarcation  entre nous et les musiciens  de la musique des variétés. Alors que nous tous nous utilisons les mêmes sons, les mêmes notes, les mêmes instruments. Notre musique a la même forme. Mais ce qui nous différencie c’est le fond. Tous nous faisons le même travail. Ils ne m’ont pas compris. Et au finish, j’ai compris que quelque part, que ce n’est que de l’hypocrisie. Aujourd’hui on me donne raison parce que sur les 10 chants chrétiens il n y’ a pas deux totalement exécutés par les Chrétiens. Le paganisme c’est seulement la voix. Et alors que dire de ceux manipulent les instruments comme les guitaristes, les claviéristes, les drummers, les souffleurs… Moi je pense que la musique chrétienne c’est celle, qui rapproche l’homme à son Dieu. Et la musique populaire est celle qui chante les créatures de Dieu, qui peint la beauté de l’homme ou de la femme. Et Satan n’a jamais inspiré l’homme. Les dons qu’ont les Werrason, les Koffi Olomide et les autres viennent   de Dieu. Nous musiciens chrétiens, nous ne sommes pas des juges. Rappelez- vous de l’histoire ou de la parabole de l’enfant prodigue.

La relation entre Dieu et l’homme c’est une relation personnelle.

MMC : Honorable, pouvez-vous dire quel a été l’apport  de Josky dans la réalisation de cette chanson artistiquement parlant ou encore dans sa vente ?

PB : Non moi je peux te dire que le fait d’associer ces gens- là (NDRL tous les autres invités) a été d’un apport  considérable sur plusieurs plans. Je ne vois même pas la vente, même si les gens ont beaucoup acheté mon album. Mais sur le plan spirituel, dans « notre camp », beaucoup d’entre eux associent désormais les pratiquants de la musique dite des variétés dans la réalisation de leurs œuvres. Tel est le cas de Kool Matope.

Et cela vice-versa. En ce qui les concerne, Blaise Bula et Jean Goubald ont associé Kool Matope dans la réalisation de leurs œuvres.

Je suis très content car sur le plan historique, je suis le précurseur de cette approche et grâce à cela, beaucoup de musiciens chrétiens ont beaucoup de considérations pour moi.  Et beaucoup de musiciens populaires avaient déconsidéré que nous chrétiens on les respecte.  D’où je lance aux hypocrites de « mon camp » de changer. De sortir de leur hypocrisie, de recourir aux autres ouvertement lorsque ceux-ci ont du talent dans la cadre de leur travail.

MMC : Mais pourquoi Josky est absent dans les clips de cette chanson, Est-ce par peur des critiques ?

PB : Non. Il y avait un problème entre moi et certains fidèles. J’étais tellement combattu même dans mon église.  Ici encore, voilà l’hypocrisie de certains de nos frères catholiques. Les gens ont préféré entendre en audio cette œuvre mais pas voir en vidéo celui qui chante certaines partitions. Josky,  Déo et Mabaya ont participé au premier clip que j’avais réalisé. C’était à l’Eglise du centenaire.

MMC : Pourquoi n’avoir pas choisi parmi les musiciens chrétiens ou encore d’autres de la musique des variétés que l’on connait aussi proche de vous comme Ya Jossart

P B : Oui, je l’ai intéressé.Son emploi de temps de  le lui a pas permis. Mais moi dans ma chanson j’ai beaucoup misé sur le timbre de Ya Jo. J’ai aussi évité les jeunes qui étaient en vogue comme Werrason ou JB Mpiana. Avec l’esprit, les gens allaient raconter des choses du genre Paul Balenza qui est fini est allé vers eux pour profiter de leur talent afin de reprendre sa place au soleil (Po te ba fula ngai). D’où je me suis intéressé à Josky. Mais c’est Ya Jossart qui m’a proposé Deo Brondo.

MMC : Et si un musicien dit de la musique populaire sollicitait  vos services pour la réalisation d’un album

PB : Je ne refuserai pas . Surtout si le thème de la chanson cadre avec ma foi. J’ai chanté dans le cadre de la lutte contre la Malaria, pour l’unité nationale. C’est mon boulot. Chrétien je le suis par ma foi. Si cela ne perturbe pas ma foi, je ne le refuserai pas.

MMC : Et comptez-vous réaliser une autre œuvre en compagnie de vos frères de la musique des variétés ?

PB : Je n’ai pas encore en tête cette idée. Mais ce que je compte faire, c’est plutôt de rééditer l’œuvre que j’ai faite avec Josky.

MMC : Et si l’on vous demandait de rendre un hommage à ce musicien

PB : C’est un grand frère, je l’ai connu très jeune lorsqu’il chantait dans Africa Fiesta de Docteur Nico. J’étais encore enfant.  J’allais assister aux répétions. Je voyais Wuta Mayi, Masiantima Popol

Josky Kiambukuta c’était un grand personnage, un homme mature. Simple, il n’était pas très problématique, très effacé. Son style était saccadé. Mais entre sa personne et son style c’était le jour et la nuit.

Je pense qu’il sera récompensé pour le plaisir qu’il offrait aux gens.

Boni Tsala


(BTT/PKF)


23-Mars-2021

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